Enfin... il était finalement arrivé. Certes, sauf, mais pas totalement sain. Le guerrier commença par jeter un rapide coup d'oeil à ce qui l'entourait, il esquissa un sourire, ce paysage désolé lui plaisait de plus en plus. Cependant, sa mine s'assombrit lorsqu'il posa son regard sur sa propre personne. En effet, il se trouvait dans un bien piteux état : ses pieds, protégés par de simples bottes, étaient devenus tellement crasseux qu'on ne distinguait plus que deux masses noirâtres. Ses jambes, velues, écorchées mais surtout fatiguées lui donnait une allure de bête. Une épaisse fourrure lui servait de seul vêtement, tailladée de toutes parts, elle avait perdu de sa beauté et de sa douceur d'antan. Celle-ci laissait entrevoir des mains , longues et fermes, terminées par des ongles salis par l'effort, telles des griffes satisfaites d'une chasse fructueuse. Le voyageur se redressa, constatant à l'aide de sa main que sa barbe n'avait cessé de pousser, il supposa alors que cela lui donnait un air plus vieux, plus bestial même. Rêveur, il finissait presque par oublier pourquoi il avait fait tout ce trajet interminable et épuisant.
Mais il se rappela vite. Toutes ces lectures qui l'avaient transporté, ces récits formidables qu'il avait lus et relus des dizaines de fois, toujours avec le même plaisir féroce. Kilinaë, ce chevaucheur qui le fascinait tant, Alcofribas voulait savoir, voulait connaître ses dignes représentants. C'est pour, et seulement pour cette raison qu'il avait choisi de quitter sa lourde armure pour partir en quête de leur demeure. Ces Ombres qu'on disait si terribles, étaient-elles à la hauteur de leur réputation ? Oui, Alcofribas en était persuadé, il n'en connaissait aucune, n'en avait sûrement jamais croisé mais il croyait aux effroyables dégâts causés par ces guerriers. Dégâts qu'il avait pu apprécier lors de son voyage. A chaque nouveau récit de villageois désespérés, son excitation et son impatience gagnaient en lui.
Il se devait donc de venir à leur rencontre, car sa vie n'avait jusqu'ici eu de sens que par ses livres contant l'histoire de Kilinaë. Il ne pouvait accepter de voir l'oeuvre du plus grand chevaucheur de phénix se construire sans lui.
Il réouvrit les yeux, il prenait enfin conscience que son but était en phase d'être atteint. Malgré cela, il se jugea peu présentable, n'ayant plus d'eau, il utilisa ses dernières gouttes d'alcool pour se rincer sommairement le corps, secoua sa fourrure et s'assit sur un rocher non loin de là. Peu loquace, il préféra ne pas crier pour avertir de sa présence. Il sortit lentement son carnet à dessin de son sac, quand il ne lisait pas, il dessinait. Il écarta son dernier travail, représentant un oeuf, pour profiter d'une feuille vierge. Il scruta une nouvelle fois les alentours et, n'arrivant pas à se décider, posa sa mine sur son carnet. Il se mit alors à fixer l'horizon. Il hibernerait ainsi, devant la poterne, jusqu'à ce qu'on daigne lui ouvrir, prêt au jugement, celui qui ferait ou ne ferait pas de lui une digne Ombre de Kilinaë, celui qui régirait la suite de sa vie...

Cela faisait déjà quelques temps que l'artiste guerrier, en manque d'inspiration, jouait avec son crayon à papier. Sa page, sûrement lasse de ne pas être utilisée, était comme poussée par le vent. L'homme la ramenait mécaniquement sur son carnet. Il s'ennuyait et son ventre n'était pas à ses premières réclamations. Il ne savait que faire, tenter, malgré les dangers de franchir les portes tout seul ? Continuer à attendre, tiraillé par la faim et sans être assuré qu'on vienne un jour lui ouvrir ? L'hésitant, le cerveau torturé par d'incessantes réflexions, sentait ses yeux se fermer. Un tel manque d'attention de sa part aurait pu lui coûter la vie, car au même moment, une voix douce lui chantait :

« Elle est vierge. »

Réveillé brutalement, le songeur tourna la tête, il fut surpris. Qu'on finisse par s'apercevoir de sa présence et qu'on se décide à venir à sa rencontre ne l'étonna pas. Mais il s'attendait à voir un guerrier en armure, menaçant et armé. D'abord dubitatif, il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre. Il ne devait pas prendre son souple réveil à la légère. L'aventurier avait une certain confiance en ses capacités, certes ses sens n'étaient pas en éveil, mais s'approcher aussi facilement de lui n'était pas mince affaire. Après avoir retrouver son calme, il se leva et lança avec un sourire forcé :

" Oui, elle est vierge. Vous auriez peut être souhaité que je dessine quelque chose ? "

" Oui, elle est vierge. Vous auriez peut être souhaité que je dessine quelque chose ? "

Il ne m'a pas vu arrivé, à croire que le collier de KurogHan marche à merveille, en plus du pas de velours dont j'ai hérité. Je souris, et je rabat ma capuche. Car je n'ai pas besoin de me cacher très longtemps. Des boucles brunes encadrent un visage pâle et humain, pourtant, de chaque côté de ma tête, on remarque deux longues oreilles, et pas n'importe quelles oreilles : des oreilles de félin, des oreilles de chat. Poilus d'un duvet court et noir. Je souris, dévoilant mes crocs. Va t-il prendre peur ? Je m'assois sur un rocher, calme, sereine. Une dondaine dans ma manche me rassure. Au premier faux mouvement, c'est sa gorge qui acceuilera la pointe en os de cerf.

« Non. Moi je ne veux rien. Mais j'imagine que vous, vous souhaitez quelque chose. On ne se donne pas tant de mal à arriver ici pour... Rien. »

Mes yeux luisent, et je le fixe, dans toute sa splendeur sale et hideuse d'humain. Il me dégoute, mais l'on fera avec.

La surprise fut grande, quand elle rabattit sa capuche et par la même occasion, laissa apparaître son visage. Intrigué, il pensa d'abord à un masque, non, impossible. Il aurait bien aimé vérifier de lui même, mais tirer ainsi sur les appareils auditifs de son interlocutrice était, selon lui, trop impoli et surtout malvenu quand on considérait bien ses qualités indéniablement meurtrières. Cela éclaircissait tout de même certains points, comme son aptitude à se mouvoir aussi souplement que silencieusement. Une vraie féline, tout le laissait penser. Certes, c'était une particularité quelque peu effrayante, fascinante. Cependant le guerrier ne pu s'empêcher d'être attiré par tant d'originalité. Il se sentit alors impatient, pressé d'être confronté à toutes les richesses farfelues que renfermait ce lieu.

« Non. Moi je ne veux rien. Mais j'imagine que vous, vous souhaitez quelque chose. On ne se donne pas tant de mal à arriver ici pour... Rien. »

Effectivement, il n'avait pas fait ce long voyage pour rien. Bien qu'il aurait été intéressant de rester ici, juste pour admirer la mélancolie du décor, juste pour s'adonner à ses plaisirs d'artiste.

" Je vois que vous êtes perspicace, rien d'étonnant, je suppose, pour une Ombre de Kilinaë. Il est clair que mon but est précis. Je souhaite donc vous rejoindre, combattre à vos côtés, brandir l'étendard de Kilinaë aux yeux de tous ceux qui tomberont. "

La féline l'observait, le jaugeait, il le sentait. Elle en avait sûrement vu d'autres se dit il en lui rendant son regard. Comment avait-il pu être aussi naïf ? Bienvenu... ce mot n'avait probablement pas sa place ici, en tout cas, pas pour lui. Après tout, rien de plus logique.

« En voilà de l'audace et du courage. Comme beaucoup d'autres, je suppose, vous croyiez qu'il est facile d'entrer, n'est-ce pas ? Mh... Nous rejoindre. Rejoindre la cause de Kilinaë implique beaucoup de chose, énormément de chose... Pourquoi ? Pourquoi Kilinaë et pas un autre ? Et, pour l'amour des flammes, épargnez moi le " c'est une Grande Guilde "... On me l'a trop faite. »

Amusée, ennuyé, intriguée, énervée ? Alcofribas la scrutait, mais rien n'y paraissait. Peut importe, son attitude ne pouvait dépendre en rien des diverses réactions de son vis à vis. Il était ici dans un but précis, aucun obstacle, aussi attirant soit-il, ne devait le faire reculer.

" Audace ? Courage ? Devrais-je être flatté ?
Je ne crois rien de de tel. S'il était si facile de s'aventurer chez vous, pensez bien que je ne serais pas venu à votre rencontre, ce ne serait que faiblesse de me permettre un pas aisé en ces lieux. Je ne m'attends donc à aucune fragilité de votre part. Je ne doute pas non plus que combattre à la gloire de Kilinaë n'impose aucune contrainte. Mais cela n'a guère d'importance comparé au plaisir de manier une lame au nom du Chevaucheur que j'admire. Pourquoi Kilinaë et pas un autre ? Tout simplement parce qu'il n'y en a pas d'autres comparables. Sa légende, sa quête, ses chevauchées, certains en sont apeurés, j'en suis passionné. "

Il jeta un rapide coup d'oeil à son carnet, tombé à ses pieds, tous ses dessins lui paraissaient maintenant si étrangers. Il n'avait plus la notion du temps. Depuis combien d'heures ou même de jours était-il ici ? Il n'en savait rien, mais peu lui importait. Il attendrait, parlerait, combattrait autant de temps qu'il faudrait.

Il avait parlé, assez content de ses propos, il l'observa de nouveau, toujours rien. Il avait espéré apercevoir un signe, de dégout, de haine, peu importe, il aurait aimé savoir ce qu'elle pensait. Il resta donc dans le doute, fallait-il s'attendre à un coup de couteau ou de main ? La première hypothèse était évidemment plus plausible. Il tenta malgré tout de paraître décontracté. Il passa une main dans ses longs cheveux, désireux d'un bon bain, plaçant discrètement son autre main sur son arme. Il ne pouvait se permettre un quelconque manque de vigilance.

« He bien, nous allons voir ce que vous pourrez faire face aux autres... Mh... Ombres. Quel est votre nom... ? Ô, non. J'abandonne. Gardez le pour vous. Je n'en veux pas. Allez, suivez moi. Mais je vous préviens, une fois à l'intérieur, vous en sortirez, soit Ombre, soit Mort. Et qui que vous soyez, n'essayez pas de me duper, d'un coup dans le flanc ou dans le dos. Ca ne servira à rien. »

" Autant mourir que de ne pas être Ombre ! "

L'avait-elle entendu ? Il n'en savait rien, la féline avait grimpé d'un saut délicieux, devenant invisible en quelques secondes. Il lui était impossible de la suivre, il se demanda alors à quoi il devait s'attendre. Peut être était-il condamné à errer devant la porte pendant encore longtemps ? Les minutes passaient, il les comptait, une par une. Cette valeur de temps ne voulait plus dire grand chose pour lui. Minutes lui semblaient heures et heures quasiment jours. Perdu dans ses pensées, tourmenté par ses maux de tête grandissant, des bruits vinrent le ramener à la réalité. La porte, dressée devant lui, s'ouvrait peu à peu, comme une gueule géante s'apprêtant à l'engloutir. Il fut noyé, l'obscurité l'agressait, l'entourait, il était devenu la proie. Apeuré, il s'avança, d'un pas lent. Il dépassa la porte, désorienté, il se décida, il allait encore une fois attendre qu'on vienne le sortir de ces entrailles.

Misha a finit par lui ouvrir ... Etrange de sa part, elle qui s'évertue d'ordinaire à se faire les griffes sur les opportuns. Ombre parmi les ombres qui se meuvent en silence, je m'avance, pénétrant dans la cour en rasant les murs. De quel sorte est celui-ci ? Un cadeau ? Un invité ? Une proie peut être ... Un fin sourire de contentement s'étire sur mes lèvres en tâtonnant à la recherche de cette délicieuse fiole de cristal argenté.

"Tue ! Tue ! Tue !
Fait le souffrir ...
Non, fait en ta marionnette !
Oui ! Soumet le à ta volonté ...
Chut vous tous ... Apprends lui plutôt ce qu'Ombre signifie ...
Tais toi, toi même petite sotte, laissons lui un cuisant souvenir, une symphonie de supplications et de cris de douleurs."

Chamaillerie sur chamaillerie, ils me rendront dingue ... Oh non que je ne le soit peut être pas déjà, qui en jugerait ? Qui le fera ? Un mouvement capte mon attention, le voilà. Je dépose une goutte du poison sur le bout de mon doigt et l'étale au bord de mes lèvres, laissant les effluves de cannelle, envahir mes sens. Non pas maintenant. Je dois garder l'esprit clair encore un instant. Mais il semble hésitant, inquiet. Entrons donc en scène mes amies. Toujours longeant les murs, pieds nus pour ne pas faire de bruits, je me rapproche sournoisement de lui, laissant un parfum de cannelle dans mon sillage. Je résiste à cette envie de passer ma langue sur mes lèvres, je ne voudrais pas faire les frais de mes préparations. Nouveau sourire, je tente de réfréner en vain un léger éclat de rire qui déchire le silence de la cour et rebondi, de mur en mur. Je sors de l'ombre, à deux pas de lui. Un ton poli, presque étrangement courtois, j'incline légèrement la tête sur le côté, un air de franche curiosité inscrit sur mes traits.

"Laisse donc maintenant pénétrer céans tout les vagabonds assez fous pour venir voir ici, si la lumière brille dans l'ombre ? Qui donc pouvez vous bien être, messire le fol ? Un de ces nombreux pantins sans volonté aucune qui se targue de faire leurs, des idéaux qui les dépassent ?"

J'avance vers lui, le visage soudain emplie d'une expression de douceur, et d'un tourbillonnement de jupes, me glisse dans son dos, laissant mes mains dérivées le long de son torse, la tête plaquée dans son dos, je plisse mes narines, une odeur d'alcool cachant à peine celle de la crasse. Un bon bain ne lui ferait sûrement pas de mal ... peu importe. Nouveau tourbillonnement et me voilà,face à face avec lui, toujours cette expression de tendre douceur inscrite sur mes traits, je bats des cils en baissant la tête et le regarde ainsi par en dessous. Un instant j'imagine tenir Torak ainsi, légèrement troublée, je poursuit mon manège sur mes gardes. J'approche mes lèvres de son oreille et lui murmure d'une voix douce, timide.

"Pardonnez donc mes paroles, beau sire. Je gage que si vous êtes en ces murs c'est qu'un des notres vous aura autorisé à y pénétrer ... Vous semblez avoir besoins d'un bain et d'un repas chaud. Vous n'êtes guère présentable à dire vrai, mais je peux arranger cela ... Laisser moi vous servir de guide, je vous aiderais à éviter les chausses-trappes de ces lieux ..."

Alcofribas attendait déjà depuis un certain temps, sa respiration haletante pour seule compagne. L'obscurité combinée à sa vision affaiblie par le manque de sommeille et d'alimentation, l'empêchait de distinguer nettement ce qui l'entourait. Cependant, il arrivait toujours à sentir, un léger parfum s'élevait dans les airs et finissait par se loger dans ses narines. Sensations plus qu' agréables. Un bruit l'arracha à ce plaisir, un rire, résonnait en échos, effrayant. Une femme apparut alors devant lui.

"Laisse donc maintenant pénétrer céans tout les vagabonds assez fous pour venir voir ici, si la lumière brille dans l'ombre ? Qui donc pouvez vous bien être, messire le fol ? Un de ces nombreux pantins sans volonté aucune qui se targue de faire leurs, des idéaux qui les dépassent ?"

" Je ne...ne "

Il eu à peine le temps d'articuler une réponse qu'elle se rapprocha. Il la trouva mignonne, dangereusement attirante. Ses expériences passées lui avaient appris à ne pas se laisser distraire. Le moindre laisser aller pourrait être fatal. Mais ses mains, parcourant son corps encore humide, c'était une sensation si lointaine. Il ferma les yeux, à quoi bon se défendre ? Pourquoi s'y refuser ?

"Pardonnez donc mes paroles, beau sire. Je gage que si vous êtes en ces murs c'est qu'un des notres vous aura autorisé à y pénétrer ... Vous semblez avoir besoins d'un bain et d'un repas chaud. Vous n'êtes guère présentable à dire vrai, mais je peux arranger cela ... Laisser moi vous servir de guide, je vous aiderais à éviter les chausses-trappes de ces lieux ..."

Ces douces paroles lui firent rouvrir les yeux. Pourquoi un tel changement de comportement ? En effet ses premiers mots avaient été crus, glacials mais ceux là étaient plutôt bienfaisants. En tout cas en apparence. Le guerrier reprit le dessus sur sa faiblesse, il se devait de se contrôler. Il ne savait rien des intentions de cette femme, sûrement aussi sournoise que sensuelle, autant à craindre qu'à désirer. Il n'avait pourtant pas le choix, il ne connaissait pas les lieux, seul, il n'arriverait pas à se diriger. Il mesurait le danger, cela ne lui plaisait pas mais il ne pouvait que la suivre, il improviserait par la suite.

" Je ne suis guère en position de refuser votre offre. Un bain et un bon repas me feraient effectivement du bien. Je vous suis donc dans cette... charmante demeure. "

" Je ne suis guère en position de refuser votre offre. Un bain et un bon repas me feraient effectivement du bien. Je vous suis donc dans cette... charmante demeure. "

"Charmante demeure ? Vous avez là d'étranges goûts à moins que cela fut dit, sans malice aucune, en une tentative de complaisance ?"

Nouvel éclat de rire enfantin, ponctué par un autre tourbillon de jupons. J'attrape l'inconnu, bras sans dessus dessous et l'entraîne à travers les couloirs réfléchissant à une destination. Que faire de lui maintenant ? Après avoir agit sur un coup de tête, me voilà en compagnie d'un bien curieux personnage. Tenir la promesse d'un repas et d'un bain ? Oui, oui ! Le faire ainsi baisser sa garde et ensuite frapper ! Je m'applaudirais bien moi même si je l'avais pu, mais chut réfrénons nos émotions. Alors où le mener ? La salle d'eau ? Mieux que la cuisine, oui mieux. Moins de monde, celui-là je le veux pour moi seule. Il ne semble pas à son aise, tâchons de le rassurer ...

"Dites moi donc messire, ce qui vous amène ici en réalité ? Rêve de gloire et de puissance ? De richesse peut être ? Parlez moi donc de vous ... Comment dois-je vous appelez ?"

Imperceptiblement je me rapproche peu à peu, encore troublée de sa présence, pourquoi envahi-t-il mes pensées ? Ne suis-je pas sensée l'oublier, puisqu'il m'a délaissée en quelque sorte ? Je fait la moue, tentant vainement de l'écarter de mes pensées. Je resserre ma prise et l'entraîne vers les thermes. Peut être celui-ci pourra-t-il se révéler utile au final. Je frémis d'excitation, nul doute qu'Elles s'en trouveront ravies. Je le regarde une nouvelle fois guettant ses réactions, au fur et à mesure que nous progressons. Ah voilà la porte, je la pousse d'une main, laissant une masse de vapeur et d'air chaud irradier nos corps.

"Je crois vous avoir promis un bain ? Après vous ..."

"Charmante demeure ? Vous avez là d'étranges goûts à moins que cela fut dit, sans malice aucune, en une tentative de complaisance ?"

" Mes goûts sont en effet discutables, mais j'aurais pensé que votre demeure plaisait au moins à ses locataires "

Il finissait sa phrase quand il fut entrainé dans l'ombre par la demoiselle. Le guerrier invité n'avait aucune idée d'où ils allaient. Il se laissa alors mené , suivant difficilement les sautillements de sa guide. Il la compara à une danseuse, maitrisant l'espace et le temps, connaissant parfaitement les pas qu'elle devait exécuter. Encore une ruse ? Décidément, rien n'était apte à dissiper le doute. Ce spectacle était charmant mais l'homme, tel un spectateur attentif, pensa malgré tout qu'il pouvait mal se finir.

"Dites moi donc messire, ce qui vous amène ici en réalité ? Rêve de gloire et de puissance ? De richesse peut être ? Parlez moi donc de vous ... Comment dois-je vous appelez ?"

" Appelez moi donc comme bon vous semble, Alco si cela vous va, Alcofribas si vous préférez ou ne m'appelez pas si vous n'en avez pas envie. Je me considèrerai comme glorieux le jour où je combattrai pleinement pour la cause en laquelle je crois. Certes, la futilité de l'argent n'est pas désagréable, mais ce n'est pas ce qui me motive. Je suis ici seulement pour atteindre le but que je me suis fixé, peut être aussi pour oublier ma solitude, qui sait...

Il avait préféré rester calme et prudent mais il en avait sûrement trop dit. C'est vrai, cette solitude, d'un côté tant indispensable lorsqu'il dessinait ou rêvait, d'un autre pesante et déprimante. Il vivait pourtant comme cela depuis quelques temps, seul, de temps en temps aidé par un étranger pour la chasse, accompagné par une inconnue pour la nuit. Mais après avoir lu et admiré les quêtes de Kilinaë, il ne pouvait que tenter de rejoindre sa cause, il n'avait cependant pas imaginé que son voyage l'entrainerait dans de telles situations.

"Je crois vous avoir promis un bain ? Après vous ..."

Il ne s'était même pas rendu compte qu'ils avaient stoppés leur marche. Ces paroles, mêlées à l'air chaud lui firent comprendre qu'ils étaient arrivés.

" Je vous en prie, je ne peux pas nier que je suis sale mais je tiens quand même à vous laisser passer la première, si toutefois vous souhaitez aussi vous baigner. "

Tout en prononçant ces mots, il retira doucement sa peau de bête et attendit la réaction de la maîtresse des lieux.

Un mince sourire s'étira sur mes lèvres à l'écoute de la réponse du vagabond. Intéressant personnage ... peut être pourra-t-il servir notre cause ... et peut être pas. Je sens un sentiment de gaieté m'enivrer subitement, instant rare depuis le départ de Torak. Alcofribas, d'abord perdu dans ses songes sembla se reprendre très vite.

" Je vous en prie, je ne peux pas nier que je suis sale mais je tiens quand même à vous laisser passer la première, si toutefois vous souhaitez aussi vous baigner. "

" Si cela, peut atténuer vos craintes et votre suspicion à mon égard ..."

Sourire amusé de ma part avant de passer la porte en ramassant la guenille avec un air de dégoût à peine voilé. J’attrape le bougre par la main et le traîne à l’intérieur, lui indiquant le bassin d’eau chaude du doigt. Un instant je reste, dissimulée par la vapeur, à l’observer, puis sans un mot laisse glisser mes atours au sol. J’hésite à conserver sur moi la dague que je conserve d’ordinaire dans ma botte avant de me draper dans une épaisse serviette, me reposant sur d’autres armes moins visibles et tout aussi mortelles. J’attrape une tunique et une paire de chausses dépareillées à peu près à sa taille, il serait regrettable de le laisser ainsi vêtu par là suite. Une fois cela fait je part m’asseoir au bord du bassin, laissant mes jambes plongées dans l’eau, les agitant doucement, rêveuse.

" Prenez votre temps pour vous décrassez, vous en avez bien besoins … j’ai aussi pris la liberté de me débarrasser de vos frusques ..."

" Si cela, peut atténuer vos craintes et votre suspicion à mon égard ..."

Il ne répondit pas et préféra laisser la douce main de sa camarade le guider. Son regard suivit le doigt de celle-ci, à la vue du bassin, il ressentit un sentiment étrange, il avait presque oublié que l'eau pouvait servir à autre chose qu'à atténuer sa soif. Il regarda la femme, entourée d'un masque de vapeur camouflant son corps, rares étaient celles qui pouvaient se vanter d'avoir autant attirées l'attention du guerrier. Il l'observa, suivit ses mouvements quand elle se revêtit d'une serviette et plaça les vêtements qui lui étaient destinés après le bain. Lorsqu'elle s'assit, balançant ses jambes déjà humides, le malpropre l'imagina près de la mer qui marchait le long de la plage, se rafraichissant les pieds comme une enfant naïve et inoffensive.

" Prenez votre temps pour vous décrassez, vous en avez bien besoins … j’ai aussi pris la liberté de me débarrasser de vos frusques ..."

Peut être faisait elle penser à une enfant, mais la jeune baigneuse ne manquait pas de malice. Il se trouva faible, elle avait bien pris soin d'écarter ses vêtements, laissant l'homme loin de ses armes. Il n'avait pas d'autre choix que de faire sans, la vapeur l'empêchait de voir clair, il lui était impossible de distinguer ses habits. Il resta tout de même courtois :

" En effet, je risque de prendre un certain temps, j'en suis désolé d'avance mais autant que je sois le plus proprement présentable possible. je vous remercie aussi de m'avoir apporté cette tunique, j'affectionne pourtant ma peau de bête mais c'est vrai qu'elle n'est pas très pratique. "

Tout en prononçant ces mots, il alla s'installer en face de la rêveuse. Le regard fixé sur elle, sur ses jambes qui nageaient dans cette eau chaude, créant des petites vagues qui venaient peu à peu s'échouer sur le torse du marin. Il aurait pu rester là, à savourer cet instant pendant des heures.

" Auriez vous de quoi me laver ? Une quelconque brosse ? J'ai bien peur que la crasse ne veule pas partir toute seule, mais peut être qu'avec votre aide...

Je retint au dernier moment un commentaire cinglant sur ce que m'inspirait la loque nauséabonde de l'étranger, inutile de le brusquer davantage. Je me contentais de lui répondre d'un vague hochement de tête, fixant un point lointain du regard en apparence du moins. Il y avait un je ne sais quoi dans son maintient qui attirait mon attention, l'excitation me gagnait à mesure que je l'observais à la dérobée. L'eau prenait une vilaine teinte grise autour de lui avant de filer vers l'évacuation. Au moins semblait-il avoir des rudiments d'hygiène. Un petit rire silencieux me prit en me souvenant d'un lointain passé, où gamine, je n'étais guère différente. Mais c'était avant que je ne croise la route du Maître. A nouveau mon regard se perdit dans le vide à son évocation, si bien que je fut prise de court par sa question.

" Auriez vous de quoi me laver ? Une quelconque brosse ? J'ai bien peur que la crasse ne veule pas partir toute seule, mais peut être qu'avec votre aide..."

J'arquais un sourcil amusée. Tiens donc, venir lui frotter le dos ? Je penche la tête sur le côté, faisant mine de réfléchir un instant, du coin de l'oeil je repère l'éponge à peine à un mètre d'Alcofribas. Ne l'avait-il donc pas vu ou bien ... ? Avec une lenteur accentuée, je dénoue la serviette autour de mon corps et me laisse glisser dans l'eau, sans faire la moindre ride. Un léger sourire sur le visage j'avance, de l'eau jusqu'à hauteur d'épaule. Une fois à sa hauteur j'attrape l'éponge, me plante devant lui en le dévisageant intriguée, l'éponge entre les mains et attends, sans un mot.

Elle enlevait doucement sa serviette, le guerrier tenta alors de détourner le regard pour dissimuler son engouement. Elle prit l'éponge et vint se mettre devant le lui. Troublé, une irrésistible envie l'envahit, caresser son visage, goûter ses lèvres... Non, il ne pouvait pas, il devait se contenir, ne pas se détourner de son but, du moins pour l'instant. Il céderait peut être le moment venu...
Que voulait-elle ? A quoi s'attendait-elle de sa part ? Il ne cessa de se le demander durant le court instant où il la fixa, absorbé par son charme. Cet instant aurait pu durer des heures, malgré le danger toujours pesant, le baigneur se sentait bien. Il se décida tout de même à sortir de son immobilité. Il leva son bras de l'eau, amusé par les gouttes qui retombaient dans le bain, sa main effleura les doigts délicats de l'envoûteuse et se posa à son tour sur l'éponge devenue une sorte de lien reliant les deux jeunes gens.

" Bien, que faisons nous maintenant ? Je ne sais toujours pas si vous souhaitez vous servir de cette éponge "

Il aurait préféré ne plus parler, les mots n'avaient, selon lui, guère d'utilité dans de tels moments. Mais agir sans refléxion et sans un consentement pourrait s'avérer mortel. Il sourit alors à celle qui le déroutait tant. Détendre l'atmosphère ? Faire comprendre ses sentiments et ses envies ? Même lui ne savait pas la réelle signification de ce sourire, il était juste certain d'en avoir besoin. Ses mains sales et éraflées se rapprochèrent de leurs voisines douces et élégantes. Il attendait, son regard toujours porté sur la rôdeuse.

" Bien, que faisons nous maintenant ? Je ne sais toujours pas si vous souhaitez vous servir de cette éponge "

Menteur songeais-je. Comme si que tu n'avais pas une petite idée derrière la tête. Son expression, ses gestes étaient suffisamment éloquents à eux seuls. Avec un satisfaction toute féline, je jubilais intérieurement, il était à moi. A son corps défendant, il était tombé sous mon emprise, peut être ne durerait-elle pas ... ou peut être au contraire le ferait-elle. Pour le moment, une seule idée, une seule envie, jouir de sa proie à sa guise.

Tout à coup il se mit à sourire, un sourire tendre, emplie de promesse. Le même sourire qu'il avait pour moi. De chasseuse je devint proie, incapable de réagir sensément à ce souvenir, encore trop présent. Mes yeux s'écarquillèrent, subitement prise de court sans savoir que faire alors que ses doigts effleuraient les miens, se rapprochant timidement. Avec un serrement de coeur, je détournais mon regard, presque craintivement.

Retirant mes mains, toujours tenant l'éponge, je passais dans son dos sans le regarder ni même l'effleurer. Trop troublée par ce sourire pour parlée, je commençais à frotter son dos avec l'éponge, faisant disparaitre la crasse en commençant par la base du cou. J'hésitais un instant sur la conduite à tenir et finit par me rapprocher de lui jusqu'à l'effleurer pour pouvoir passer mon bras autour de sa taille, continuant à frotter avec délicatesse. Je fermais mes yeux, imaginant Torak à sa place avec son fin sourire et ses mèches blondes qui donnaient tout le temps envie de passer la main dans ses cheveux pour les remettre en place, et son sourire si bouleversant qu'il me portait au delà des cieux. Je laissait ma tête reposer contre son dos, laissant l'éponge m'échapper des mains, alors que je passais mes deux mains sur son torse. Mais en relevant les yeux, je tombais sur sa chevelure brune. Si désespérément brune, ce n'était pas lui, ce n'était pas celui que je voulais tenir contre moi. L'instant était passé, le charme rompue. Avec un sanglot étouffé, je relâchais mon étreinte et planta là Alcofribas en sortant de l'eau pour ramasser ma serviette et me sécher. Ne pouvant pas non plus le laisser ici tout seul, je me recroquevillais dans un coin, hors de vue, la tête dans les mains laissant couler mes larmes en silence. Désespérée.

Les yeux rougis, le visage fermé, j'écoute le chat parler de sa voix indistincte. De nouveau vêtue je me rapproche du bassin, prenant dans mes bras, serviettes et tas de linges, et à pas furtif me rapproche des deux compères, sachant parfaitement que Misha m'a déjà repérée. Je compose rapidement un léger sourire, mi figue, mi raisin et essuie le poison de mes lèvres. Je l'avais à ma merci, alors pourquoi ? Parce que. Tout simplement, il n'y à pas de raisons, qui justifie à mes yeux cette subite clémence, à son égard. Je tousse légèrement pour attirer son attention.

" Tu as passé nos portes et vu plus que bien d'autre avant toi, quelle est la nature des ombres de ce lieux, un petit avant goût qui n'a de saveur que s'il en reste un. Misha à raison, être Ombre signifie lutter, lutter d'un bout à l'autre, nul repos, pour nous autres, rien qu'un incessant combat. Crois tu encore pouvoir être à ta place parmi nous ? "

Je lâche le tas de frusques par terre juste à ses côtés, sans trop prendre garde à la manière dont elles atterrissent et m'accroupie devant lui, passant le bout de mes doigts sur sa joue avec un air plein de tendresse, une légère lueur au fond du regard ...

" Tu as survécu, jusque là, je t'ai épargné un temps, tu es le seul. Vois cela comme un caprice de ma part ou comme de la chance, Alcofribas. Tu ferais mieux de t'habiller, si tu veux voir les autres, bien que je ne doute pas que certaines te préfèrerait ainsi vêtu ... "

Je me relève et me retourne, allant rejoindre Misha et m'adresse à lui une fois de plus par dessus mon épaule.

" Bienvenue chez toi, jeune frère ... Ah ! Et ne te formalise pas pour les trous dans la tunique ... C'est qu'il y à eu un mort dedans. "

Alcofribas l'avait inconsciemment souhaité depuis le début de sa baignade. Eliyane, apparemment troublée, passa derrière lui et commença à laver son dos sale. D'abord hésitante, elle sembla alors transportée comme dans un rêve, il sentit la tête de la jeune femme se déposer au bas de son cou. Il savourait l'instant présent, appréciait ses mains sur son corps. Mais le plaisir fut malheureusement de courte durée. La belle s'en alla, le visage humide de larmes, il suivit du regard sa silhouette se fondre dans les vapeurs. Alcofribas ne comprit pas, avait-il dit ou fait quelque chose qui aurait pu la blesser ? Il avait pourtant l'impression de s'être contrôlé, il s'apprêtait à rejoindre Eliyane pour s'excuser d'une possible maladresse qu'il aurait commise quand tout à coup :

« Que croyais-tu ? Personne ne t'acceptera ici. Il te faudra trouver ta place. Te la faire. Te la forger. Et la garder. Une fois faîte, il te faudra encore lutter pour la garder. Encore et encore. Jusqu'à la fin, si il y a... »

L'accueillante féline venait d'apparaitre devant lui, aussi soudainement qu'elle avait disparue quelques temps auparavant, le laissant vagabonder devant la porte. Elle était toujours aussi imprévisible, comme tout ce qu'abritait cette demeure conclut-il pour lui même. Il écouta alors ce qu'elle avait à lui dire :

« Tu as de la chance d'être tomber sur Eliyane. C'est l'une des Créatures les plus amicales du Manoir. Si l'on oublit ses façons de faire et le poison qu'elle avait sur les lèvres. Mais elle est chasse réservée par un autre. Et pour ma part, j'ose espérer que tu n'as pas froid aux yeux si tu la veux, car Torak, lui, n'est pas de ce genre là. Un barbare. J'admire. Bref. Tu ne l'a pas embrassé. Très bonne initiative. Disons que tu as passé une petite épreuve. A mon humble avis, les autres seront moins commodes... »

En y réfléchissant bien, ce ne fut pas une réelle surprise, la jolie baigneuse avait donc enduit ses lèvres de poison. D'abord inquiet, il s'en amusa ensuite, il aurait donc pu succomber au plaisir d'un baiser. La voulait-il ? Il n'en savait trop rien, encore plongé dans l'incompréhension de son départ précipité du bain. Mais une chose lui était sûre, si toutes les épreuves dont parlait la féline étaient aussi agréables que de se baigner en aussi charmante compagnie, il ne refuserait rien, sûrement même pas un baiser fougueusement empoisonné. Il n'était pourtant pas crédule, le prochain bain qu'il prendrait serait peut être teinté de rouge. La bavarde lui fit alors ce qu'il comprit être un inventaire des différentes personnes qu'il pourrait croiser entre ces murs. Il s'en imprégna vaguement, se disant qu'il aurait certainement le temps de rencontrer toutes ces Ombres. Il prit tout de même note du dernier conseil, " être méfiant ", de la méfiance... il lui en avait probablement manquée durant ses premières heures passées en ce lieu.
Un toussotement, il détourna la tête et replaça ses cheveux humides collés à sa figure, de façon à voir qui avait émis ce son.

" Tu as passé nos portes et vu plus que bien d'autre avant toi, quelle est la nature des ombres de ce lieux, un petit avant goût qui n'a de saveur que s'il en reste un. Misha à raison, être Ombre signifie lutter, lutter d'un bout à l'autre, nul repos, pour nous autres, rien qu'un incessant combat. Crois tu encore pouvoir être à ta place parmi nous ? "

Elle était donc revenue, elle paraissait affaiblie, comparée au moment de leur étreinte. Mais ses douces paroles restaient profondes et emplies de sens pour le guerrier.

" Je n'ignore aucunement tout cela, je suis près à lutter sans relâche pour défendre mes idéaux. Endurer souffrances et désespoir par moment n'est qu'un prix à payer pour accomplir pleinement la quête que vous avez entreprise. "

Au même moment elle s'avança, déposa un pile de vêtements au sol et lui susurra tendrement :

" Tu as survécu, jusque là, je t'ai épargné un temps, tu es le seul. Vois cela comme un caprice de ma part ou comme de la chance, Alcofribas. Tu ferais mieux de t'habiller, si tu veux voir les autres, bien que je ne doute pas que certaines te préfèrerait ainsi vêtu ... "

Il ne pensa pas tout de suite à répondre, le contact des ses doigts talentueux sur sa joue lui rappelèrent les instants passés dans les bains. Le regard qu'elle lui porta le cloua d'abord sur place, charmé par tant de légèreté. Il la regarda s'éloigner, silencieux...

" Bienvenue chez toi, jeune frère ... Ah ! Et ne te formalise pas pour les trous dans la tunique ... C'est qu'il y à eu un mort dedans. "

Il se baissa pour ramasser les habits qui lui étaient destinés et releva la tête pour apercevoir une dernière fois sa camarade. Il ne put s'empêcher de lui rendre un sourire, plein d'espoir et de doute. Il dit d'une voix basse, de façon à ce qu'elle ne l'ait entendu qu'à moitié :

" J'espère que tu seras toujours aussi capricieuse et moi chanceux. "

Il sécha ses cheveux et enfila la tunique. Elle avait bien dit un mort ? Ce n'est plus ça qui l'effraierait, il s'estima heureux, il aurait très bien pu finir dans le même état que le précédent détenteur de cette tunique. Il s'étira longuement et sortit de la salle, la laissant dans l'obscurité, dérangée par la vapeur toujours présente. Il s'en alla parcourir les lieux, son premier but atteint, Alcofribas pouvait maintenant se consacrer à la quête, telle une Ombre à part entière.