Il est vrai qu'elle avait changé. Changé d'identité notamment, changé d'élément... Du bleu, elle passa au jaune. Mais pourtant...
Ce qui ne changeait pas, outre sa classe, c'était un désir qui grandissait chaque jour de plus en plus en elle.
Ce désir, inutile de dire de quoi il s'agit. Comprendra qui pourra après tout.
Si grand, mais si insaisissable... Ophelia quitta donc la faction qu'elle avait construite avec le guerrier Darkfox.
Ce désir, elle savait avec qui elle pourrait l'accomplir. Avec quelques personnes qui lui étaient encore chère, qui comptaient énormément à ses yeux. Malgré son changement, elle n'avait pas pu les oublier.
Elle se mit donc en route, et repris le chemin qu'elle connaissait déjà pour y être venu quelques temps plus tôt.
Tout au long, elle se remémora certains instants passé avec les Ombres. La nostalgie s'empara d'elle.
Elle arriva assez rapidement aux portes, après tout le chemin n'avait plus trop de secret pour elle. Là, elle vit l'entrée protégée par la herse et le pont levis bien sombre comme à l'accoutumée.

- J'ai jamais vraiment osé le dire... Mais Ara m'a vraiment fait flipper quand elle m'a accueilli...

Comment devait-elle s'annoncer ? Après tout, c'est en discutant avec certain Ombres qu'elle s'était décidé à revenir.

- Les Ombres pourraient vraiment faire de la politique... Diplomatie c'est mort, mais politique oui. Quoi que... Dissuasion serait un peu mieux ! Ils ont bien réussit à semer le doute en moi.

Je pense que faire le plus simple sera le mieux...

*Raclement de gorge*

- Ça résonne toujours aussi fort par ici... Zut.

*Grande inspiration* C'est maintenant ou jamais.

- Les amis, c'est l'ancien fruit qui revient vous voir. Mais pas pour vous dire bonjour... J'aimerais vous rejoindre, comme au bon vieux temps.

Maintenant, il ne restait plus qu'à se préparer mentalement... Le plus dur restait à venir.

"Je suis vraiment très épuiser aujourd'hui, la chasse à étais du. Je sais ! je vais retourné à la taverne histoire de prendre un peu de bon temps. Je trouverais surement d'autre ombres entrain de prendre une collation..."

Les amis, c'est l'ancien fruit qui revient vous voir. Mais pas pour vous dire bonjour... J'aimerais vous rejoindre, comme au bon vieux temps.

"Arg mais que nous veulent'ils tous en ce moment c'est pas croyable sa, et puis un fruit sa parle pas. Mwerf je comprend pas tous là, bon je vais allez jeter un œil sur cette personne"

Bahall se dirigea donc en direction de l'entrée, de là ou étais venu ces quelques mots assez surprenant. quand le jeune mage arriva devant l'entrer il y vit une jeune femme très élégant vêtu d'une longue robe et surplomber d'un petit capuchon...

"Ah une présence féminine dans ces lieux, surement une personne qui c'est égarer. Je vais me faire une joie de l'aiguiller...

Bonjour qui es tu et que nous veux tu ? aucun étranger n'est le bienven..."


Le mage s'arrêta de parler subitement quelque chose sembler le troubler... La jeune femme enleva son capuchon. Ce pouvait'il, oui cela ne faisait aucun doute, l'élève que Bahall avais perdu depuis quelques mois étais revenu chez elle...

Tout alla tellement vite... Il arriva, lui. Elle n'aurais jamais cru le revoir aussitôt. Et n'aurais pensé une seule seconde que ce serait lui qui l'accueillerais. Lui, qui fut son maître autrefois et son soutient parfois.

- Bahall... Ça fait vraiment plaisir de te revoir.

Bahall n'avait pu finir sa phrase... Stupeur ? Consternation ? Elle ne savait pas.

- Je reviens vers vous aujourd'hui. Oui, l'élève retourne vers son maître. On dirait presque un chiot égaré.
Je ne voulais pas vous donner le sentiment de vous avoir trahis. Loin de moi l'idée. Mais, je ne savais quoi faire... Au tout début, j'avais peur de revenir vers vous. Après tout, je me doutais que vous croiriez que pour moi vous n'étiez qu'une faction de passage, mais ce n'était pas le cas. Jamais ce ne fut le cas. Je voulais vraiment rester avec vous. Et c'est pour ça que je ne suis pas venu tout de suite, par peur de votre réaction. Alors on s'égard, on se perd et ne sachant que faire on accepte ce que l'on nous propose mais on le regrette après.

Elle fit une petite pose

- Je suis vraiment désolée pour tout, que ce soit envers toi ou les autres, Bahall. Toi, tu m'en veux ?

"Hum la raison a ses raison que la raison ignore et qui sait, c'est surement ce qui ta poussé à nous revenir...

Enfin bien que ton absence à laisser un vide dans mon périple je serais ravis de reprendre ton entrainement."

Soudain, Bahall s'arrêta de parler...

"Tien nous ne somme plus seul, une ombre approche..."

Reprendre l'entraînement ne ferait que du bien à la jeune nécromancienne...

- Et bien, j'ai hâte de le reprendre avec toi alors.

Soudain, il s'arrêta de parler, que ce passait-il ? Y avait-il quelqu'un ou quelque chose qui l'avait coupé dans son élan ?
Ses interrogations furent confirmées par la suite.

"Tien nous ne somme plus seul, une ombre approche..."

La nécromancienne esquissa un sourire.

- Il fallait s'en douter Bahall. Et bien, j'ai hâte de voir qui est cette Ombre... La suite risque d'être fort surprenante.

Je regardais l’horizon. Monotone, comme toujours depuis que j’étais en poste. On a pas idée de donner des travaux aussi long et ennuyeux. Je jouais tranquillement avec ma peluche aux allure squelettique. Comblant ce manque d’originalité dans le paysage en le plaçant devant mes yeux…

«  Joli Poupée… »

Elle me l’avait donné pour tuer l’ennuie comme maintenant. Plus je regardais mon compagnon inerte, plus je me disais que ma créatrice avait oublié quelque chose… Oui. Mais quoi… Je le fixais avec insistance. Concentrée, perdue dans ma réflexion de poupée à autre morceau de chiffon, je sursautais lorsqu’une voix se fit entendre.

«  Chic ! De la compagnie. »

Toujours bien cachée dans un trou du mur, je regardais la demoiselle qui parlait de fruit et du bon vieux temps. Un jour j’irai me renseigner sur les étrangetés de ce manoir et de ses occupants. Un jour… Enfin. Je l’analysais, quoi lui faire.

Saute dessus. Mord et griffe. J’ai pas de dent et de griffe. Ca va compliquer la tâche. Sauter dessus me semble quand même envisageable.

Une autre voix se fit entendre. Il sortait du manoir. Ils se connaissaient apparemment. Je sers à quoi dans l’histoire ? Je me plaindrai ! Avec un intérêt à peine dévoilée j’écoutais leurs discutions. Passionnant tout ça. La demoiselle est une ancienne disciple de Kilinaë .

Non mais je vous dis, je me plaindrai…

Une Ombre !? Où ça ?

Je regardais partout mais ne voyais rien. Il devait rêver. La fatigue sans doute, les combats sont durs.

A moi d’entrée en scène. Je m’enlaçais de toute ma hauteur de mini-poupée afin d’atterrir sur l’adepte d’Eolia. Mais en vain… Je tombais lamentablement sur le magicien.

«  Bonsoir et pardon… Euh… Ton nom ? »

Elle aurait du me présenter aux habitants.
Je sautais de l’épaule du mage à celle de la nouvelle venue. Assise sur son épaule, sans vraiment me soucier de son avis ni de son air interloqué.

«  Je suis nouvelle ici. Tristitia. Nom? Intention? »

Je pouvais pas faire plus claire…

La suite était fort surprenante comme je me l'étais imaginée, enfin « imaginer » est bien présomptueux. Je ne peux pas dire que je me serais imaginé qu'un bout de chiffon me sauterais dessus. Mais bon, je m'en doutais qu'ici rien ne se passe comme on peut le croire.
C'est bien pour ça que les personnes errantes ne font pas long feu ici.

Car des adeptes de Kilinaë, mieux vaut s'en méfier. Jolie phrase, il faut que je m'en souvienne de celle-là...

Mais revenons à mes moutons. Oui les miens, ça m'arrive d'être égoïste parfois.

Alors que je profitais de mes retrouvailles avec Bahall, voilà qu'une petite chose se mettait à foncer sur nous... Assez petite d'ailleurs.
Bizarre, je l'avouerais.

Un bond, essayait-elle de m'atteindre ? Je dirais que c'est ratée. La prochaine fois prend une perche petite... Mais cette réflexion je me la gardais pour moi bien sûr.

J'observais son manège, vraiment très intéressante... Son petit bond ne lui permis d'atterrir ou plutôt de s'écraser uniquement sur l'épaule de mon maître. Je me retins de rire.

Jusque là, je ne l'avais encore jamais croisé.

Pendant un instant je ne la vit plus ou était-elle passé ? Puis je sentie une légère pression sur mon épaule, je tourna ma tête et la vit sur celle-ci. Plutôt rapide la petite. D'un air interloqué je la dévisagea.

« Je suis nouvelle ici. Tristitia. Nom? Intention? »

Je me retins de répondre immédiatement.

- Tu sembles bien antipathique et hostile toi...

Oui, je ne pensais pas me tromper et puis au pire tant pis. Je suis pas là pour lui plaire.

- Mon nom est Ophelia. Comme dit précédemment, je reviens vers Kilinaë. Redevenir Ombre, tel est mon dessein.

Elle n'a pas le droit de me juger. Après tout, je suis sûr qu'elle ne me connait pas... Je souris à nouveau. Une telle haine dans une si petite poupée... Pas si mal que ça.

Toujours assise sur son épaule, balançant mes courtes jambes, si on peut appeler ça des jambes. J’écoutais sa remarque.

« Merci du compliment. On m’a pas fait venir ici pour offrir un bisou à chaque personne qui présentait devant la porte. »

Je regardais son visage qui devait faire ma taille debout. Je vais aller faire un tas de réclamation lorsque j’en aurais fini avec cette péronnelle .

«  Bien bien. Et Qu’Est-ce qui te permet de venir t’imposer comme ça ? Parce que ce que tu veux et ce que tu auras, il y a un monde ma petite. »

Oui, c’est le monde à l’envers et alors ? J’avais envie de la remettre en place, mais haute comme deux pommes et demi… Si je lui donne une gifle, elle aurait peut être mal… Peut être pas. Surement même.

«  Comme je t’ai dit. Je viens d’élire domicile ici. Après un tour là où tu ne veux pas savoir. Tu étais peut être une habitante de ce manoir avant. Mais plus maintenant. Tu sembles connaitre le magicien en face de nous. Mais je ne te connais pas et hormis lui et qui ne sera pas impartial.

A ce que j’ai pu entendre, tu as fais un tour chez l’ennemi et tu estimes être digne de confiance de servir Kilinaë de nouveau ? »

Je lui offrir mon sourire de couture, tout ce qu’il y a de plus machiavélique chez une poupée…

Que de niaiseries, voilà tout ce que cette poupée sortait de sa bouche de tissu. Pour qui se prenait-elle ? Il n'y a pas à dire, elle est vraiment très intéressante celle-là. Vraiment... très... intéressante.
Je la fixais et elle en faisait de même. Ne me regarde pas trop petite poupée, je n'aime pas que l'on m'observe. Son regard insolent me donnait envie de la remettre à sa place... Mais je me retins. Pour le moment.

Elle m'adressa une nouvelle fois la parole, se croyant maîtresse des lieux :

« Bien bien. Et Qu’Est-ce qui te permet de venir t’imposer comme ça ? Parce que ce que tu veux et ce que tu auras, il y a un monde ma petite. »

Vraiment, continue petite. Continue de divaguer.

« Comme je t’ai dit. Je viens d’élire domicile ici. Après un tour là où tu ne veux pas savoir. Tu étais peut être une habitante de ce manoir avant. Mais plus maintenant. Tu sembles connaitre le magicien en face de nous. Mais je ne te connais pas et hormis lui et qui ne sera pas impartial.

A ce que j’ai pu entendre, tu as fais un tour chez l’ennemi et tu estimes être digne de confiance de servir Kilinaë de nouveau ? »

Et moi qui craignait Ara... Cette Tristitia, quelle plaie !
Je ne pus m'empêcher de rire à ses paroles, un rire moqueur, sans joie. Pas un rire de poulette qui glousse en veux tu en voilà... Une fois calmée, je lui répondis.

- Et penses-tu que TOI avec tes 30 cm tu vas me dicter ma conduite ? La bonne blague !
Pour répondre à ta question, oui j'étais chez l'ennemi. Inutile de le cacher, et vain se le serait. Mais, connais-tu l'expression « l’erreur est humaine » sans doute pas.

Je détacha mon regard de la poupée, le reportant sur la demeure.

- Je sais que l'on ne m'accueillera pas à bras ouvert, et c'est normal...

Et tout en finissant ma phrase, je reporta mon attention sur la poupée

...mais peu importe, je ne peux pas leur en vouloir. Puis je l'ai mérité aussi.
Dernière chose, qui est la plus petite de nous deux d'après toi ?

Sur ces paroles je restais songeuse. Quelle conversation passionnante.

Et voilà… Elle l’avait prédit. Ce manoir n’est pas tranquille !
Alors qu’elle s’était retirée dans ce jardin où elle avait pour habitude de s’entraîner à l’arbalète, Ara avait été soudainement interrompue en pleine concentration, lui faisant ainsi rater sa cible.
Gardant tout de même son calme, elle arracha le carreau qui s’était planté sur un des arbres voisins, puis rattacha son arme à sa ceinture. Inutile de continuer la séance si elle devait être dérangée…
Elle quitta donc le jardin en direction des bruits qui semblaient provenir de l’entrée du manoir. Ceci dans le but de rabattre le caquet à cette personne au rire désagréable.
Et elle marcha avec détermination…

C’est une fois sur place qu’elle pu reconnaître le magicien de feu qu’était Bahall, ainsi que la poupée de chiffon, création d’Exoriel et depuis peu au service des Ombres. Quand à l’autre personne qui était également présente… Et bien, elle n’arrivait pas à mettre un nom sur son visage. Autant dire qu’elle lui était totalement inconnue.

Ara lança le regard en direction de l’épaule du magicien avant de tendre le bras vers le jouet, l’invitant en quelque sorte à la rejoindre.

« Que se passe t-il ici ?... »

Pas un bonjour, ni rien. Ses paroles ne visaient personne en particulier. Peu importe qui répondrait à sa question.
Quant aux formules de politesse ce n’était pas vraiment son fort, surtout quand elle était de mauvais poil. Ce qui était presque le cas ici.

« Et l’inconnue, tu te présentes. »

Une voix me sortit de mes songes… Une voix que je connaissais trop bien.
Pas besoin de lever la tête.
Pas besoin de réfléchir.
Pas besoin de poser des questions.
Juste fermer les yeux et espérer que ce ne soit pas le cas. Mais la réalité me rattrape toujours tôt ou tard et toujours trop vite.
Un soupir, tel est la seule chose que j’arrive à exprimer. Cependant après un petit moment je lève finalement la tête et lui fait face. A elle, celle qui m’avait accueillit il y a quelques mois.
Vraiment, le sort est contre moi il faut croire.

Sa remarque acerbe fait encore vibrer mes oreilles. Tu ne m’as pas reconnu, c’est peut-être tout aussi bien, Ara.

- Toujours aussi froide. Pourquoi n’as-tu pas choisi l’eau Ara ? Tu n’es pas aussi chaleureuse que le feu, mais bien aussi glaciale que l’eau.

Aïe, je démarre mal mais c’est sortit tout seul. Je me suis retenue face à Tristitia… Mais avec Ara c’est plutôt dur.
Mais calme-toi bon sang ! Je respire un bon coup. On verra déjà jusqu’à quel point cette bouffée d’oxygène me fera tenir. Regagnant un semblant de quiétude je poursuis.

- Aujourd’hui je m’appelle Ophelia mais autrefois tu m’as connu sous le nom de Kiwinounette.

Je m’interrompe un moment. Réfléchissant à tout ce qui c’était passé auparavant.

- Te souviens-tu de la faible nécromancienne ayant pour dieu Posicillion ? Cette nécromancienne que toi-même avait accueillit ici même avec beaucoup de moqueries quelques mois plus tôt ? Et bien c’était moi…

Quelqu'un d'autre se mêla à la conversation. Et pas n'importe qui. La Cheffe en personne, Ara. Contrariée en plus. Ça promettait quelque chose. Elle me tendit les bras. Un câlin ? Ça m'aurait étonnée. Mais je lui sautais quand même dessus, un regard noir à celle qui c'était incrustée avec mépris. Accrochée au bras de ma maitresse, je grimpais sur son épaule en lui murmurant ce qui se passait ici. Laissant entendre des brides.

"... Elle espère nous rejoindre... ... Se croit importante et maitresse ici... "

Une fois mon récit fait, je regardais avec un sourire fière la petite Ophelia. Attendant la suite des évènements avec impatience.

Un demi-sourire se dessina sur son visage suite aux remarques désobligeantes de la nécromante. Si vite dissipé… Elle n’avait pas envie de rire. Pas cette fois.

Ara lui prêta une oreille attentive tout en ne lui adressant aucun de ses regards. Comme si finalement elle l’ignorait à moitié. Sans doute préférait-elle lui montrer que peu d’intérêt.
Elle en profita également pour remercier la malicieuse poupée pour son travail avant de prendre la parole.

« Si tu crois qu’appartenir au feu doit forcément faire de moi une personne chaleureuse, sympathique, cordiale ou même accueillante avec toute personne qui ne le mérite pas, alors laisse moi te dire que tu trompes. Tu es même à des années lumières de la vérité.
Mais ne t’en fais pas, tu verras bien par toi-même que finalement mon élément me va comme un gant. Je préfère te laisser le plaisir de la découverte… »

Elle marqua une courte pause pour cette fois lui adresser un regard plein de mépris, avant de reprendre une nouvelle fois.

« Kiwi, c’est bien ça. Je me souviens de toi en effet. Même que tu as quitté le manoir précipitamment.

Et bien dis donc, je ne sais quel sortilège tu as utilisé pour changer d’apparence mais il est très réussi. Jamais je ne t’aurais reconnu.

Je vois aussi que tu as trahis ton ancien Dieu… Intéressant.

Mais trêve de plaisanteries. J’ose espérer que tu ne viens pas simplement nous rendre visite pour nous étaler ta culture sur les éléments, qui par ailleurs laisse à désirer. Ou même pour nous montrer à quel point tu imites à merveille les gloussements de dinde…
Alors que viens-tu faire ? »

Décidément, je n'aimais pas le regard de cette poupée. Se consumerait-elle bien au feu ? Peut-être bien et peut-être pas. Après tout, on se débarrasse difficilement des mauvaises herbes.
Mais pas le moment de penser à ça. Après tout, cette Tristitia n'est pas le pire de mes problèmes. Quoique... Elle ne peut qu'envenimer la situation. Petite peste.
Et Ara qui se croit toujours aussi sûr d'elle. Au moins à ce niveau là rien n'a changé. Je me retins de relever ses sarcasmes.
Ne cherche pas la bagarre Ophe, de toute façon jamais tu ne l'emporteras sur elle. Réponds à sa question, ça fera au pire que la troisième fois que tu te justifies.

- Ce que je viens faire ? Pas une visite de courtoisie en tout cas. Je veux retourner auprès de Kilinaë. Oui, tel est mon désir. Et nul éléments ainsi que nul dieux ne pourront l'effacer.

J'ai changé d'apparence, et de dieu. Mais peut-on parler de trahison ? Seul ceux qui ont déjà trahis les leurs ou les fanatiques déclarés peuvent le dire...

A présent je regardais droit dans les yeux Ara. Alors... quelles seront les prochaines calomnies que tu sortiras à la dinde ?

« Je vois. »

Ara laissa passer quelques minutes de réflexion pendant lesquelles elle prit soin de déposer délicatement la poupée au sol, la laissant ainsi libre de vaquer à ses occupations.
Puis elle se redressa pour enfin répondre à Ophelia.

« Dis-moi, pourquoi devrait-on t’accueillir à nouveau dans nos rangs ?
Après tout tes dernières paroles avant ton départ était que tu ne reviendrais pas. De plus tu te souviens très bien de mes critiques sur ta faiblesse lors de ta première visite. Et là tu nous reviens encore plus faible… Comme si tout ce que nous avons pu t’apporter n’avait servi à rien. Quel gâchis... »

Elle haussa le ton…

« Alors dis-moi, pourquoi devrait-on t’accepter à nouveau ?! »

… Pour terminer en soupirant.

« Cela en vaudra t-il la peine … ? »

Ara était franche et direct, mais je ne pouvais lui en vouloir. Après tout, elle avait raison sur toute la ligne.
Maintenant il va falloir trouver de bon argument, mais je déteste me vendre.

- Je ne vais pas chercher à mentir Ara ni trouver des mots très pompeux pour que vous m'acceptiez. Moi aussi je vais être directe et franche. Je sais que cette place, il est difficile pour moi de l'acquérir car j'ai pus trahir votre confiance, pour cela j'en suis encore une fois désolée. Il est vrai que j'avais dit que je ne reviendrais pas, la raison...

Je cherchais mes mots, j'étais troublée. Je m'en voulais mais ne savait pas comment m'exprimer, les mots avaient peine à sortir.

- La raison, c'est parce que je n'étais pas restée longtemps auprès de vous. Me connaissant à peine je suis sûre que vous auriez pu croire que pour moi vous n'étiez qu'une faction de passage. Je m'en voulais pour être partie aussi vite. Mais je ne me sentais pas bien je ne parle pas en votre présence, mais je n'étais pas contente de moi-même. Il est vrai qu'aujourd'hui je reviens plus faible, mais j'ai appris de mes erreurs et je progresserais mieux. Et puis sur le plan humain vous êtes les personnes que j'apprécie le plus sur ces terres. Tel sont les raisons de mon retour.

Je me tus. Je n'avais plus rien à dire. Je n'avais pas envie d'en faire trop, je préférais rester moi-même.

« Crois-tu qu’il suffit d’être désolée pour que cela répare tes erreurs ?
D’ailleurs je ne sais pas de quelle confiance tu parles. En tant qu’ancienne Escorteuse nous gardions des doutes sur toi. Et je dois bien t’avouer que ton départ précipité n’a pas joué en ta faveur.

Alors bien sûr que nous… que je crois que nous n’étions qu’un passage dans ta courte et précédente existence. Qu’espères-tu après tout… »

Aucun traitement de faveur pour la nécromante. Ara se montrait dure et sèche mais elle ne voulait pas lâcher le morceau et céder à la facilité.

« Tu sais, on n’est pas là pour faire dans le sentiment et je me fous de tes humeurs. Elles ne justifient en aucun cas ton départ surtout si c’est pour te voir revenir peu de temps après.

Maintenant, imaginons que tu franchisses une nouvelle fois cette porte. Que se passera t-il si demain tu te sentes mal à nouveau ? Tu repartiras une fois de plus ?
Ne crois tu pas que nous avons mieux à faire que d’accueillir dans nos rangs des faibles qui craquent à la moindre difficulté ?
Autant te le dire de suite, nous n’avons pas de temps à perdre.»

Elle continua dans son interrogation.

« Tu sembles vouloir dire que tes erreurs t’ont permis d’aller de l’avant. Mais dis-moi, qu’as-tu fait pendant ton séjour loin de nous ? Et qu’as-tu appris ? »

Des paroles dures et difficile à encaisser, c'est vraiment comme ça que je pouvais qualifier le discours d'Ara. Mais bon, que pouvais-je y faire ? Et puis... je ne pouvais pas me plaindre. Tout ça je l'ai mérité.

- Je le sais très bien qu'un simple pardon n'efface rien ou ne répare rien. Mais je me vois mal revenir sans m'excuser. Pour toi, ce pardon est peut-être insignifiant... Mais moi je fais ce que je crois bon de faire.

Je soupirais, je savais dès le début que face à elle se ne serait pas facile. Mais c'était encore plus dur.

- Toujours les mêmes mots qui reviennent Ara. "Escorte, Faiblesses et Apprendre". Saches que si je franchis à nouveau cette porte j'y resterais. Je ne partirais plus.
Et tu sais... Pas la peine de me dire que vous n'avez pas de temps à perdre, je crois que je ne suis pas assez idiote pour le savoir moi-même.

J'en avais marre, marre qu'elle me prenne de haut. Après tout, malgré son grade elle reste humaine comme nous tous.

- Loin de vous je pense qu'il est facile de savoir ce que j'ai fais. Je me suis entraînée sans cesse, faisant en sorte de bien progresser, sans refaire les erreurs d'autrefois. Quant à ce que j'ai appris, c'est de ne pas m'arrêter lors des difficultés et de frapper toujours plus fort.

Ophelia semblait en avoir assez de cet interrogatoire que la rôdeuse lui imposait. Pourtant il était loin d’être terminé mais elle aussi commençait à se lasser. Lassée de voir que ça tournait en rond. Cela en devenait presque ennuyant.
Des regrets… Toujours des regrets. Peut être était-il temps de passer à autre chose. Des révélations ? Non, pas cette fois semblait-il.

« … C’est tout ce que tu as à me dire ? »

A ces mots, elle recula de quelques pas, s’installant sur une des grosses pierres qui entouraient le manoir. Comme si elle s’apprêtait à passer un long moment…

Insupportais-je à ce point la rôdeuse ? Oui sans doute. Il est clair qu'elle n'aimait pas être ici et encore moins en ma compagnie. Encore des interrogations à n'en plus finir. Ça faisait depuis longtemps que je n'en pouvais plus, fatiguée et lassée je subissais reproches, indignations, irritations et remarques désobligeantes. D'un autre côté ça se finirait bien un jour. Oui, un jour.

- Te dire que j'ai tué quatre de mes compagnons aeris ne t'intéresserais surement pas. Alors oui, je n'ai rien d'autre à te dire.

Ma tension commençais à s'accélérer, doucement, tout doucement... Bientôt, oui, bientôt je saurais.

« Bon très bien… Puisque tu n’as que ça à me dire. »

Ara ne fit pas vraiment attention aux dernières paroles de la nécromante. Sans doute que celles-ci ne l’intéressaient pas, comme l'avait prédis la jeune fille.
Elle ne chercha donc pas à connaître le pourquoi du comment et qui étaient ceux qu’elle nommait ses compagnons. Elle se fichait bien de ce qui se passait sur les terres d’Aeris et le fait qu’elle ne donnait pas de noms à ses compagnons montrait qu’il s’agissait bien de personnes insignifiantes.

De l’indifférence, c’est tout ce qu’avait entraîné cette révélation finalement… Si toutefois on pouvait appeler ça une révélation.
Peut être Ara attendait-elle autre chose venant de la nécromante même si elle-même ne savait pas vraiment ce que c’était. Trop sûre d’elle, elle était persuadée que celle-ci lui cachait quelque chose. Cette même chose qui empêchait Ara de baisser le pont levis et d’accueillir Ophelia dans leur demeure.

Aussi, elle rajouta.

« Dernière chose. Te sens-tu prête à arpenter les terres de Melrath Zorac ? »

Je réfléchissais, oui vraiment... Je n'avais rien d'autre à dire. Après tout, que pouvons-nous dire lorsque nous sommes sur les terres élémentaires ? Là-bas ce n'est que routines et ennuies... Ponctués par le génocide bestial. Après tout, elles sont bien là pour ça ces vulgaires bêtes.

Oui, rien à dire...

Du moins qui t'intéresserais Ara. Mais d'ailleurs que cherches-tu à savoir ?
Je la regardais, espérant pourvoir lire dans son regard, savoir ce qu'elle voulait. Mais en vain. Comme toujours.

Sa dernière question me surpris. Ara... jusqu'où veux-tu donc aller avec moi ?

- Depuis que j'ai recommencé tout mon périple, j'ai hâte de rejoindre ces terres que j'ai quitté bien trop tôt.
Alors oui, je suis prête.

L'interrogation de la rôdeuse m'intriguait à tel point, que la question qui brûlait mes lèvres finit par s'en échapper inconsciemment...

- Mais dis moi Ara, pourquoi cette question ?

Ara fronça un sourcil à cette question. Légèrement surprise car elle avait décidé qu’ici c’était elle qui était maîtresse de l’interrogatoire.

« Tu verras bien… »

Prononça t-elle tout en plongeant délicatement ses doigts dans sa sacoche. De celle-ci, elle y sortit deux carreaux qu’elle porta à sa vue d’un air satisfait. Sourire malicieux. Elle décrocha également son arbalète de sa ceinture et une fois chargée, elle y positionna les deux carreaux.
Prête à tirer, Ara semblait viser de son arme meurtrière la jeune nécromante.

« Maintenant je vais te demander de bien vouloir reculer de quelques pas. »

Un simple coup de pression et s’en était fini.