La réaction d’Ara… pas mal, imprévisible comme toujours. Finalement, je ne suis même pas en colère. J’ai presque envie d’en rire. Oui, me moquer d’elle ? C’est fort possible après tout. Elle m’énerve tellement il faut dire.
Incompétence ? Alors là j’en peux plus. Je craque… Je rigole à ne plus pouvoir en respirer.
«
Qui te dis Ara que je voulais te paraître compétente. J’ai un truc à te prouver ? Me justifier j’en ai marre, prouver mes capacités à quoi ça sert ? Jamais ta vision sur moi ne changera. Au début j’avais dans l’idée de ne rien t’apporter du tout, et puis là je voulais paraître gentille pour une fois. Oui, pour une fois. »
Bien noter le pour une fois. Les excès de gentillesse ces derniers temps, ou plutôt depuis cette rencontre avec ces deux orgueilleuses, prétentieuse et vaniteuses, Ara et Tristitia, m’exaspère au plus haut point.
L’air et remplie de pétales volant en tout sens. Jolie tourbillon rouge, encore plus magnifique si c’était du sang.
Prendre la facilité est-ce interdit ?
C’est juste que j’avais pas envie de grimper tout là haut. Parce que là-haut, ben justement, c’est haut.
Avant que l’autre ne se fâche et ne joue de son grade je prends la parole.
«
Ne t’en fais pas, je vais te l’apporter ton objet. Mais dis-toi bien que si je le fais ce n’est pas afin de te prouver quelque chose… Mais si je le fais c’est parce que je veux franchir à nouveau cette porte ! Je serais de retour dans quatre à cinq jours si j’ai de la chance. »
Oui, de la chance j’en aurais bien besoin. Mais actuellement j’étais décidée, et je le ferais.
Je repris donc la route et me mis en quête de franchir les grandes montagnes. Là-bas je trouverais mon trésor, celui que je n’avais pas voulu toucher car la mort rôdait de trop près. En espérant que cette légende soit vraie, si elle s’avérait fausse je devrais tout
recommencer, une nouvelle fois.
Cette légende, c’est celle que l’on raconté autrefois dans mon village. J’en ai encore de vague souvenir…
La vieille prêtresse Malhëya nous contait souvent les histoires des dieux et de leurs épopées. Mais celle que l’on entendait le plus été celle de « Ithayé le grand ». Un dieu déchu qui, après avoir commis d’atroces crimes c’était vu condamner à rester toute sa vie dans la peau d’une bête. Cette bête, n’était autre que le tigre blanc. Symbole de force il marquait encore la trace de ce qu’Ithayé avait été jadis. Malhëya nous disait que ce dieu vivait dans les grandes montagnes, cherchant à se cacher car il avait honte d’avoir perdu ses anciens pouvoirs. Regrettant ses actions passées il avait présenté ses excuses à ses congénères, mais pas de pardon possible. Car d’après eux, un dieu devait être le symbole du « parfait », il se devait d’être le « yang » mais en aucun cas le « ying ». Comprenant son erreur, Ithayé se cacha dans une grotte. Il avait perdu tout ses pouvoirs, dont, son immortalité. Mais il n’en avait pas pour autant perdu sa suprématie. Ce dieu déchu attirait les gens par ces yeux d’émeraude. Même en tant que tigre il les avait encore conservés. C’est pourquoi beaucoup de chasseurs avides de pouvoir et d’argent avaient en tête de s’en emparer… Mais toujours ils furent repoussés. Cependant après un long moment, Ithayé mourût, mais laissa quand même une descendance derrière lui. Descendance que l’on appela la « descendance d’émeraude ».
Malhëya, en signe d’avertissement, ne cessait de nous répéter :
«
Ne vous approchez jamais d’eux, ne tentez jamais de les tuer. Car une malédiction pourrait s’abattre sur vous. N’oubliez pas, même de l’enfer, Ithayé leur père veille toujours sur eux. Et féroces ses bêtes le serons toujours. »
J’aimais entendre cette histoire, mais je ne croyais pas en la malédiction. Après tout, n’est-ce pas que des paroles afin d’effrayer les enfants ? La prêtresse nous la racontait toujours quand nous étions petits. Quand j’avais grandis, je lui posais plus de questions sur cette légende, mais jamais je n’obtins des réponses satisfaisantes.
«
Aujourd’hui ma brave Malhëya, je vais contourner ton interdiction. Et nous verrons, s’ils sont si forts que toi et cette légende le suppose. »
Seul mon village connaissait cette légende et ses conséquences. Tous les habitants avaient toujours vénéré ce dieu déchus… Tous, sauf moi.
La route que je prenais donc me mènerait à la descendance de ce traître.
«
La descendance d’émeraude…, c’est plutôt jolie. »
Pas de carte pour trouver l’endroit, pas d‘étoiles pour s’orienter… Actives tes sens, vas où tes pieds te guiderons, et prépares-toi au pire.
Après deux jours de marche j’atteignis enfin mon but. La grotte était en face de moi.
Un soir de pleine lune… Belle soirée pour une chasse au tigre, ou pour mourir ?
J’entrais donc dans la grotte et trouvais assez rapidement ma « victime » j’avais de la chance… Un bébé tigre endormi, et sans sa mère qui rôdait aux alentours. Doucement je m’approchais de lui essayant d’être la plus discrète possible.
Mais ses sens très affutés, il se réveilla et me griffa le visage. Aussi rapidement que je le pus je saisi mon orbe et par un sort l’envoyais valser. Il ne bougeait plus. Je trouvais qu’il était mort assez rapidement… Je m’approchais donc de lui mais toujours aucun mouvement.
«
Bon, il est jeune… Possible qu’il n’ait pas résisté ? »
Cependant je restais toujours autant perplexe, me souvenant de la force qu’on leur attribué… Mais en même temps le fait que sa mère pouvait réapparaître à tout moment me stoppa dans mes réflexions. Je pris donc la dague que j’avais apporté à cette occasion et commença à lui arracher les yeux pour extraire les émeraudes. Je les regardais, vraiment magnifique… Comment peuvent-ils seulement voir ?
«
On dit que ces émeraudes peuvent avoir des propriétés curatives… Mais on dit aussi qu’on peut se faire beaucoup d’argent avec. Si Ara n’est pas contente avec ça. »
Avant de faire le chemin inverse je me reposais un peu. Une fois remise je repris la route pour me rendre chez les Ombres… Ce n’était que la troisième fois que je faisais ce trajet après tout. Au bout du quatrième jour, j’étais à nouveau là. Ara n’était plus dehors, il fallait s’y attendre.
«
Je suis de retour. Avec ton cadeau. »
En attendant qu’elle sorte, je m’assis sur une pierre et dans ma main trônaient les deux émeraudes.
Je regardais l’habitation… Cette endroit qui fut autrefois ma demeure, sera t’il ma tombe aujourd’hui ?
[HRP : Merci pour les émeraudes Ara ^^ ]